Stéphane Fouéré-Un livre de mon ami et camarade Mandiaye Gaye , à acheter de toute urgence.

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Un livre de mon ami et camarade Mandiaye Gaye , à acheter de toute urgence. Un livre puissant de convictions et d’engagements pour la chose publique. Un livre qui accuse. Un livre-manifeste qui interpelle. Un livre, force de proposition.

Stéphane Fouéré

Mandiaye Gaye se présente volontiers comme un autodidacte dont l’histoire individuelle est portée par ses engagements dans la lutte anticoloniale, puis contre le régime néocolonial qui lui a succédé après les indépendances. Il connut la prison et la clandestinité qui ont forgé en lui un patriotisme toujours renouvelé au gré des luttes inlassables pour un Sénégal libre et démocratique. À présent chroniqueur, il évoque les problématiques portant sur des questions sociales et d›actualité politique au Sénégal et en Afrique.

La bonne gouvernance n’est pas une réalité au Sénégal sous Macky Sall. C’est l’auteur de l’ouvrage «Problématique de la citoyenneté au Sénégal», Mandiaye Gaye, qui le dit. Dans ce livre sorti officiellement le 18 mars 2020 en France, il évoque des questions telles que la corruption, le détournement des deniers publics, le problème de civisme des Sénégalais.

«Problématique de la citoyenneté au Sénégal.» C’est le titre de l’ouvrage de l’écrivain, Mandiaye Gaye. La sortie officielle s’est faite à la mi-mars 2020 en France dans un contexte où le coronavirus a tout chamboulé dans le monde entier. Il s’agit d’une nouvelle édition revue et corrigée préfacée par le professeur madame Penda Mbow, après celle de 2011.

L’auteur ne met pas de gants pour décrire la situation qui prévaut au Sénégal. Sa plume touche là où ça fait mal. La mauvaise gouvernance dans la gestion des deniers publics, la corruption demeurent toujours si le rythme ne s’est pas accéléré avec le pouvoir actuel, d’après lui. «La situation n’a pas bougé. Elle a empiré au niveau de la citoyenneté comme au niveau de la gestion des deniers publics. Nous avons beaucoup de détournements», soutient l’auteur. Dans un entretien téléphonique hier, il a décrypté le contenu de l’ouvrage. Selon Mandiaye Gaye, le pays est confronté à des problèmes de civisme, de discipline, de respect des règles dans les lieux de travail, notamment le retard qui est presque érigé en règle. Il dénonce également le comportement des citoyens dans les rues, la maltraitance des talibés.
Aux yeux de l’écrivain, l’impunité n’a toujours pas disparu au Sénégal. Car, dit-il, de gros bonnets font des détournements sans être inquiétés pendant que d’autres citoyens croupissent en prison pour des délits mineurs. Il estime que face à tous ces faits, la responsabilité est partagée, il y a d’abord celle de l’Etat. La compétence des individus, l’éthique ne sont pas privilégiés dans le recrutement, avance-t-il, c’est plutôt le militant, les amis qui sont favorisés ce qui fait qu’il y des détournements sans sanction. «L’Etat doit prendre ses responsabilités en appliquant la loi. C’est-à-dire quiconque commet un délit qu’il soit sanctionné, quelles que soient son origine, sa situation sociale et son appartenance à ceci ou cela. La loi est impersonnelle. Quand on fait la loi, on ne sait pas sur qui elle va tomber. Voilà pourquoi la loi doit être appliquée», indique M. Gaye.
L’auteur s’attaque aussi à des institutions comme l’Assemblée nationale où les députés bénéficient de dotation de carburant et autres privilèges, fait-il remarquer, pendant que les ambulances manquent d’essence. Pour lui, le mal est trop profond. Ainsi, il demande aux dirigeants de s’inspirer de l’ancien président du Conseil, Mamadou Dia, dont le Building administratif porte son nom. Il raconte en effet que celui-ci donnait des instructions allant dans le sens d’immobiliser les véhicules de l’Administration qui circulaient les week-end et jours fériés sans autorisation.
En ce qui concerne l’état-civil, ajoute-t-il, il y a ceux qui renaissent plusieurs fois en changeant de bulletin, ce qui n’est rien d’autre que de la tricherie. Un phénomène qui existe, dit-il, dans le recrutement des enseignants avec «l’achat des épreuves d’examen». Ce qui fait dire à l’auteur que «l’école publique est, en ce moment, dans une situation catastrophique».
Par ailleurs, il accuse les Forces de défense et de sécurité de ne pas jouer leur rôle de protection des citoyens face à l’insécurité qui sévit dans le pays. Malgré toutes ces remarques, Mandiaye Gaye pense qu’on ne doit jamais perdre espoir, mais il est d’avis que le discours seul ne suffit pas pour changer les choses de façon positive.

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