Mandiaye Gaye a assurément mal à l’Afrique ! A travers son ouvrage construit autour d’une série de chroniques, il laisse s’exprimer toute une colère et une amertume contenues face à la situation économique, sociale et culturelle peu reluisante dans laquelle patauge le continent. Par un langage simple et accessible il n’aura de cesse de mettre l’accent sur un paradoxe désarçonnant qui voit aisance des élites au pouvoir et pauvreté des populations cohabiter si outrageusement. Voilà donc nous dit Mandiaye Gaye, un continent qui regorge de richesses multiples et qui paradoxalement a du mal à subvenir aux besoins de ses populations démunies. Elles sont dans leur grande majorité confrontées à la faim, à l’analphabétisme, à l’absence de soins de santé au moment où leurs dirigeants baignent dans une opulence prébendière.
Comme une causerie au coin du feu, l’auteur essaie d’expliquer, de convaincre de l’incurie des dirigeants africains, plus préoccupés d’asseoir une gouvernance résolument tournée vers le pillage des ressources nationales et la satisfaction de leurs désirs personnels. Parmi eux quelques noms tristement célèbres sont convoqués, tels Idi Amine Dada, Jean Bedel Bokassa, Mobutu Sesse Seko, Moussa Traoré, etc. Ce qui les caractérise selon l’auteur, est d’être « mus par une folle ambition de pouvoir et d’enrichissement sans limites ».
Aussi, constituent-ils à ses yeux « une gangrène pour le continent africain ». Avec en prime leur propension à ne même pas envisager de quitter le pouvoir. Ils sont plutôt tentés, souligne l’auteur, par l’idée de « perpétuer leur règne par une succession dynastique du pouvoir pour leur progéniture ».
Se focalisant sur la situation particulière du Sénégal, l’auteur se désole du fait que « ses dirigeants » sont toujours « à la quête effrénée d’argent t d’enrichissement illicite à tout prix ». Il dénonce la « transhumance qui perdure », l’existence d’une administration générale « sclérosée, archaïque et en panne d’éthique ».
L’auteur regrette que la rupture promise n’ait pas eu lieu et que perdurent les mêmes pratiques clientélistes. Ce qui rend vaines toute l’énergie et la mobilisation consenties pour l’organisation des Assises nationales. Il se désole aussi de l’impunité qui a fini de transformer le pays « en cimetières des scandales, où on les enterre les uns après les autres ».
De même, la connivence entre sphère politique et sphère religieuse est dénoncé, notamment « certains marabouts influents véreux » qui ouvrent et protègent les détourneurs et osent même réclamer « une impunité totale sous forme de paradis définitif ». Ainsi va-t-il de la collusion entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel au détriment du citoyen lambda. Il dénonce aussi le fait que le chef de l’Etat actuel s’inscrive dans le sillage de son prédécesseur en prenant les « mesures qui lui plaisent et comme bon lui semble », à l’exemple « de la suppression des impôts dus par les patrons de presse », lesquels sont pourtant des contribuables.
Le réquisitoire de Mandiaye Gaye est sans appel puisque l’Afrique est « malade de ses dirigeants cupides ». Et c’est ce qui explique cela. A savoir la situation difficile dans laquelle se trouve le continent laquelle est révélatrice d’un véritable déficit de leadership.
Convoquant la figure archétypale de Nelson Mandela, il relève à la suite de ce dernier que : «le pouvoir doit être pour l’homme politique, un sacerdoce».