L’arrestation de membres du personnel de la rédaction de Dakaractu, aussitôt libérés,
est, purement et simplement, de l’intimidation et un excès de pouvoir caractérisé d’un régime qui n’est plus sûr de sa popularité au sein de la majorité des Sénégalais. Donc, il serait, présentement, dans une sérieuse paniqué et un lendemain incertain, à l’approche de l’échéance fatidique de 2019. Le média Dakaractu, comme de façon générale, les médias privés ne sont, en rien, sur les causes de perte d’audience, de popularité ou de performance du pouvoir. Ainsi, au lieu de s’en prendre, aveuglément, à tout le monde, dans une confusion totale au point de ne même plus parvenir à distinguer l’adversaire politique du citoyen lambda, le pouvoir devrait, plutôt, mieux soigner sa gestion du pays et faire de sorte que, les Sénégalais soient satisfaits, au terme de son mandat. C’est la seule voie du salut pour lui et tout pouvoir. Sinon, tout le reste n’est que pure diversion pour dévier l’attention des Sénégalais de la question fondamentale qui est, leur appréciation globale de sa gestion du pays.
Si l‘on peut épiloguer sur les raisons de l’arrestation de Barthélémy Dias, sur la base des propos qu’il a prononcés au cours de l’émission contre des institutions de la République, comme les motifs retenus à son encontre, il n’en est pas de même pour le média Dakaractu. Car, logiquement, dans le cadre d’un régime démocratique et pour un pays qui s’en réclame, dans lequel la démocratie est de rigueur et rigoureusement respectée, le fait qu’un média interroge un citoyen pour avoir son appréciation, à chaud, sur un évènement important qui vient de se produire, est une banalité. Surtout, lorsque, à l’entame déjà de ses propos, l’auteur a bien précisé, à travers les ondes, qu’il assumait, entièrement et en connaissance de cause, la responsabilité de ses propos et ce qui pourrait en découler. Mais, quoi de plus normal que cela, dans un pays où la liberté de presse est consacrée par la constitution ? Cet acte d’intimidation, perpétré à l’endroit d’un média privé, est une tentative sournoise de musèlement de cette partie de la presse privée en général.
Dès lors, en quoi, Dakaractu est-il coupable, dans la mesure où son rôle, véritable de média, c’est de diffuser sans parti pris les opinions politiques émises par les uns et les autres ? Opinions qui, en dernier ressort, n’engagent que leurs auteurs. Assurément, dans le cas d’espèce, il y a une violation flagrante de la fonction des médias privés. Surtout, lorsque l’on sait que, dans notre pays et de tout temps, les médias du service public, ceux-là qui appartiennent à tout le peuple sénégalais sont l’apanage et ne servent, uniquement, que le pouvoir, en place, d’hier à aujourd’hui. Bien sûr, cela est un secret de Polichinelle. Car, ils ne permettent ni n’autorisent, du tout alors, aux citoyens libres ou opposants politiques, de s’exprimer ou de diffuser à travers eux, leurs opinions, lorsque, toutefois celles-ci ne sont pas en phase avec la position officielle de l’Etat, sur une question nationale. Alors, si telle est la position, illégale et antidémocratique, entretenue par les médias publics dans notre pays, sur quels moyens médiatiques les citoyens libres et opposants au pouvoir pourront-ils s’appuyer donc, pour faire connaitre leurs opinions, naturellement, contraires à celle du gouvernement, à leurs concitoyens, sur une question fondamentale d’actualité et à caractère politique ?
Mais, pourquoi dans ce cas-là, lorsque Assane Diouf proférait ses injures, contre le chef de l’Etat et autres institutions, à travers certains médias, aucun d’entre eux, en tout cas jusqu’à plus amplement informé, n’a été, un seul instant, inquiété, à plus forte raison, d’arrêter de l’un quelconque parmi leur personnel ? Manifestement, ceci à l’air d’être le début de l’emploi de la force par l’Etat contre les médias privés et des citoyens sans défense. (manam nguur guy jay doole ay neew ji doolem).
Voilà pourquoi, toute la presse (la corporation s’entend) doit, solidairement, se mobiliser comme un seul homme pour parer à cette menace rampante qui la guette. Ainsi, le Synpics, les organisations des droits de l’homme, la société civile et même les partis politiques devraient agir prestement et dans les meilleurs délais, afin de prévenir cette tentative voilée d’empêcher les médias privés de jouer leur rôle irremplaçable dans une démocratie et liberté de la presse d’un pays. Car, pour le moment, ils sont, seuls, comme outils et moyens modernes libres, en faveur des sans voix, qui leur permettent de diffuser et d’exprimer, en toute liberté, leurs opinions. Donc, en gardant le silence devant une telle tentative de violation du droit à l’information libre et plurielle, nous serons tous, inconsciemment ou consciemment, des complices implicites d’une menace ou sanction éventuelle contre les médias privés qui ne font que leur travail, dans le respect des règles de la déontologie de leur profession.
Par conséquent, nous devons tous condamner avec la dernière rigueur ce qui vient de se passer à Dakaractu, parce que les médias privés n’ont, absolument rien à voir dans cette lutte à mort concernant, strictement, des politiciens qui convoitent le pouvoir. Et, par cette mesure d’abus, voire d’excès de pouvoir, l’Etat est en train de tuer les médias privés par intimidation. Alors qu’ils sont, les seuls, en ce moment, à donner la parole, sans distinction aucune, à tous ceux qui ont, des opinions politiques contraires à celles du pouvoir en place, à émettre. Cette mesure est, donc une entorse à la démocratie qui est déjà chancelante et, la mise en cause encore du peu qui en reste. Ainsi, en intimidant encore les médias qui, dans le cadre du respect de la déontologie de leur profession journalistique et de l’information plurielle, permettent à tous de dire leur mot, le pouvoir met un coup de frein, de plus, à l’exercice de la démocratie dans notre pays. Alors, nous devons tous dire halte aussi, pendant qu’il temps, à l’intimidation des médias privés à l’approche du 24 février 2019 !
Et, disons tous ensemble plus jamais cela, afin que vivent les médias privés, sans aucune entrave à l’exercice de leur métier dans les règles de l’art et pour une information crédible, plurielle et libre, sans interruption, en faveur du plus grand nombre.
Mandiaye Gaye
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